28/04/2012

Cinq (5) gourdes round

Les amateurs de bal à Gros-Morne le savent sur le bout des doigts. Il suffit de consentir à l' amener à la buvette pour emplir son sac à main de sucrerie, marinade, griot, pain à sauce, cola,..., lait ou  verser tout bonnement cinq (5) gourdes pour avoir droit de danser un morceau avec une fille de votre choix dans un bal des feux Sympathic Band, Excel Jazz, (djaz lakay) ou de toutes autres agroupations musicales foulant la Cité Polprompt afin de rejouir le coeur de leurs fans. Cette règle était bel et bien imposée aux cavaliers sans cavalières. En effet, récompenser la fille était l'occasion pour le danseur de prendre le controle de l'adversaire et mettre du miel dans sa cruche, c'est-à-dire, de la ceinturer, de la louver, de siroter son aura, de cajoler le Pic de la Mirandole, de fourbir son boucle, d'être fondu au feu de son corps, lui chuchoter des mots sucrés à l'oreille, de rénouveler autant de fois les gestes, l'expérience jusqu'au terminus de la fête afin de gouter la musique à forte dose dans les bras d'un être qui se livre sans retenue à des mouvements gracieux du corps. Il arrive souvent que certains partenaires trop envieux de se connaitre et découvrir le pot aux roses disparaissent même avant la fin de la soirée pour un coït à la glace.

Dans le grand monde accompagner ton boyfriend ou ta girlfriend à une soirée dansante se prend en bonne part. C'est l'occasion pour que les fiancailles ou les époux puissent se découvrir et se faire découvrir, évaluer leur talent (façon de s'habiller, de se coiffer, de danser, de rire, ..., de s'attabler), délayer leur joie, leur amour en se serrant jalousement dans les bras et donnant des baisers par petits coups en gage de leur attachement. Par contre, dans le petit monde où trône Gros-Morne, le relachement timide des moeurs était un handicap pour les jeunes couples des années antérieures à 1995 de se rencontrer avec aisance dans un night club sans en courir le risque de recevoir une fessée ou de sèches critiques. Ordinairement la principale et première victime dans ce scénario c'est le beau sexe qui, selon la malice populaire, deshonorerait sa famille. Fréquenter une boite de nuit ou un night club était réservé aux mondains, aux sans avoeux, aux personnes de moeurs légères, aux enfants qui n'épprouvent pas de la crainte de Dieu; qui défient enfin l'autorité paternelle. Les langues de vipère sont les premières que l'on rencontre à l'arrivée et à la sortie. Elles vous sourient, vous tapent les épaules: question de vous arracher quelques mots pour, après avoir collectionné les données de l'évènement, completer, teindre leur reportage de demain. Elles rapportent en filigrane et avec force de détails invraisemblables toute la scène aux proches du ou des couples avec qui, parfois, elles se divertissaient toute la soirée. En effet, par ce manège beaucoup ont réussi à gagner la sympathie des parents de la victime qui les récompensent soit en leur octoyant un prêt pour financer un petit projet personnel, soit en leur accordant d'autres faveurs.

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